Internet en Bref #45 - Arkunir, plainte, journalistes et X
Bonne lecture 🙂
💅 INFLUENCE & CREATION DE CONTENU
Arkunir veut battre le record de don du sang
Suivi par plus d'1 million de personnes sur X/Twitter, l'influenceur Arkunir a lancé avec le streamer Farès Bichard une vaste campagne numérique pour inciter son à donner son sang l la collecte qui aura lieu du 28 au 1er décembre prochains à l'Hôtel de ville de Paris.
Léa Petit Scalogna
Prime porte plainte contre la RevueXXI
Deux semaines après les révélations du média sur les tensions internes au sein de la Karmine Corp, Amine Mekri, alias Prime, a déposé plainte pour diffamation. Il dénonce un article qu’il estime diffamatoire et regrettant l'absence de publication de son droit de réponse. Il conteste fermement les accusations selon lesquelles il aurait utilisé les fonds de la structure d’e-sport à des fins personnelles, affirmant que les erreurs évoquées concernaient uniquement sa société personnelle, Prime Corp, et qu’il a remboursé toutes les sommes dues.
L'affaire a pris de l'ampleur après que les deux dirigeants se sont exprimés sur leurs chaînes Twitch respectives. Si Prime a, de son côté, nié les accusations et évoqué des "erreurs" de gestion, Kameto, quant à lui, a exprimé son soulagement après la mise en lumière de ces actes qu'il avait toujours gardés secrets jusqu’alors.
Avec cette plainte, Prime entend "défendre son honneur", et son entourage espère que ces révélations ne lui porteront pas préjudice à l'avenir. Quoi qu'il en soit, la participation de Prime à l'événement de Box DTR Fight, organisé par le streamer RebeuDeter, semble pour l'heure toujours maintenue.
Lina Labiad 20/11/2024 à 12:21, Mis à jour le 20/11/2024 à 12:30
Ces révélations ont suscité une forte mobilisation de la communauté du vidéaste, déjà connue pour des comportements frôlant le harcèlement, notamment lorsque celui-ci n'avait pas été reconduit pour participer à la deuxième édition du GP Explorer en raison de son comportement jugé trop dangereux sur la piste. À cette occasion, la communauté du vidéaste avait commenté en masse les contenus de Squeezie avec pour mot d'ordre "Libérez l'Éclair", surnom donné à Prime.
Les journalistes, de nouveaux influenceurs ?
Dans un contexte de précarisation du métier, nous sommes de plus en plus nombreux·ses à dépendre des réseaux sociaux pour nous mettre en valeur, dans un environnement où l'indépendance des médias est de plus en plus fragilisée. Je dis "nous" car, évidemment, en tant que journaliste et créateur·rice de contenu sur Internet, je me sens concerné·e par l'hybridation du métier.
Internet nous permet de créer une communauté active qui nous suit non seulement pour notre travail, mais aussi pour notre personnalité et nos engagements. Cette présence sur les réseaux sociaux nous pousse à partager plus que notre production professionnelle, afin d’être identifié·e·s et de constituer une audience. Ainsi, en plus de nos productions journalistiques, nous sommes amené·e·s à dévoiler davantage d’aspects de notre vie personnelle et à adopter des pratiques similaires à celles des influenceur·euse·s.
Au sein de la profession, cette incarnation sur les réseaux n'est pas toujours très bien vue. Si certain·e·s y voient un moyen de rendre l'information plus accessible, d'autres soulignent les dangers et les dérives des interactions numériques. Il est évident que cette exposition accrue nous rend vulnérables aux critiques et au harcèlement en ligne, un phénomène souvent amplifié par notre statut de journaliste. En témoignent régulièrement les journalistes Salomé Saqué ou Nesrine Slaoui sur leurs réseaux sociaux.
L'hybridation de la pratique pose également des interrogations quant au modèle économique à adopter. De plus en plus de journalistes sont amené·e·s à faire des collaborations commerciales (j'en fais moi-même partie) pour pouvoir continuer à exercer leur activité en tant qu'indépendant·e·s, ainsi qu'à explorer d'autres moyens alternatifs de financement, comme le financement participatif. Un modèle qui, bien souvent, ne peut suffire à lui seul, car il fluctue énormément en fonction des dons de l'audience.
Évidemment, cette pratique fait débat et est souvent mal vue par les professionnel·le·s du milieu, qui la considèrent comme une entrave à la déontologie journalistique. Mais à l'heure où la concentration des médias favorise l'entre-soi des idées et où la désinformation règne en maître, les mutations du journalisme et le développement de la pratique sur Internet nous poussent aujourd'hui à réinterroger nos modèles de financement. Cela nous permet de développer notre activité de manière professionnelle tout en prenant le contre-pied de la dégradation de l'accès à une information éthique et déontologique.
Ce sujet interroge de plus en plus de journalistes et créateur.ice.s de contenu à l'image de Charles Villa, grand reporter pour Brut mais également journaliste indépendant.
À titre personnel, je préférerais évidemment me passer des collaborations commerciales. Cependant, en tant que journaliste précaire qui parvient à vendre une pige de temps en temps, ces collaborations me permettent, en partie, de continuer à exercer mon activité sur Twitch et de me professionnaliser davantage grâce aux investissements rendus possibles par les rémunérations que j’en tire.
J’ai toujours eu à cœur d’être transparente avec ma communauté et je veille à ce que mes collaborations commerciales n’entravent en rien l’exercice de mon activité journalistique.
Quand les journalistes adoptent les codes des influenceuses, par Anne Chirol pour La Revue des Médias - INA.
Ophenya signalée à la Milviludes
L’influenceuse, suivie par plusieurs millions de personnes et récemment bannie de TikTok, est désormais dans le viseur de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Ce signalement ferait suite aux actions potentielles du collectif Mineurs, éthiques et réseaux (MEER), qui s’inquiète de l’emprise exercée par l’influenceuse sur sa jeune audience depuis plusieurs années.
La tiktokeuse entretient des relations parasociales très fortes avec certains de ses fans et n’hésite pas à s’immiscer dans leur quotidien en se positionnant comme une "grande sœur". Elle aurait également incité ses fans mineur·e·s, pour certain·e·s âgé·e·s de moins de 13 ans, à participer à ses lives sur TikTok, ce qui est interdit par la plateforme et serait à l’origine de son bannissement.
Je résume tout cela dans ce replay.
Aurélien Defer
💻 RESEAUX SOCIAUX
C'est officiel, tout le monde fuit X/Twitter (et les médias aussi)
Médias, personnalités publiques, communautés de fans, artistes... Si le réseau social n'en est pas à sa première vague de boycott depuis son rachat par Elon Musk en 2022, le fervent soutien apporté par le milliardaire à Donald Trump et sa nomination au sein du nouveau gouvernement semblent cette fois-ci avoir été la goutte de trop, en particulier pour les comptes professionnels qui, pour beaucoup, se sont finalement résignés à continuer de publier sur le réseau social.
Côté médias en France, Ouest-France a annoncé son départ de X/Twitter, tout comme la très suivie Salomé Saqué, qui témoigne d'un choix non sans conséquence pour les professionnel·le·s comme elle, dont l'activité dépend de leur présence sur les réseaux sociaux. L'abandon du réseau par les médias marque un tournant dans l'abandon de l'usage de X/Twitter à grande échelle, car ils constituent toujours une source importante de production et d'interaction, encourageant les utilisateur·rice·s à rester présent·e·s.
Si Elon Musk a fait de X/Twitter un réseau social dépourvu de modération, où règnent désormais la violence et le harcèlement, il est aussi devenu un repère où prospèrent les idéaux de l'extrême droite. En parallèle, certains se penchent sur les conséquences d'une telle fuite massive et considèrent que supprimer son compte et abandonner le réseau représente "le risque d'une perte de la construction politique et des archives des mouvements sociaux".
💎 BONUS
Le portrait d'Ultia pour Ouest-France
Ouest-France revient sur le parcours de l'une des streameuses les plus influentes de la sphère francophone. Passionnée de jeux vidéo et de bande dessinée, la Niçoise d'origine a été propulsée sur Internet pendant le confinement après plusieurs années à travailler dans le monde du jeu vidéo. Créative et déterminée, elle a rapidement trouvé sa place parmi les influenceur·reuse·s star de la plateforme.
Ultia est également devenue, malgré elle, une figure de la lutte contre le cyberharcèlement après avoir osé dénoncer le comportement problématique d'Inoxtag lors du ZEvent 2022. Décidée à ne pas se laisser abattre, elle a fait de son combat une force auprès de sa communauté, qui la soutient contre vents et marées.
Clément LE LAY.
Inoxtag dévoile son manga Instinct
Avec la sortie d'Instinct, Inoxtag démontre une nouvelle fois son intérêt pour la culture manga et confirme son engagement entrepreneurial bien au-delà des frontières du numérique.
À la manière d'un shonen, l'ouvrage, qui sortira en plusieurs volumes, retrace les aventures de Haki, un jeune homme de 19 ans doté de la capacité de percevoir l’aura et les intentions des personnes qui l’entourent. Constamment confronté à la nature humaine et ses travers, Haki fait la rencontre de Luna, une mystérieuse femme qui lui offre une lueur d'espoir. Le documentaire Kaizen, sorti en septembre dernier, contenait quelques planches du futur manga pour annoncer subtilement l'arrivée de ce nouveau projet.
Une collection inspiré du manga en collaboration avec l'enseigne de prêt-à-porter Celio est également disponible.
🤔 EN MANQUE D'INSPI ?
Accompagné de Salomé Saqué, les journalistes de Libération Pierre Plottu et Maxime Macé se penchent sur la stratégie mise en place par l'extrême droite pour attirer de nouveaux adeptes sur Internet. À coup de contenus lifestyle à première vu dépolisés, ils mettent en place un soft power où triomphe les idées et les figures réactionnaires.
⭐À NE PAS MANQUER
- Philia’s Playfest, les 23 et 24 novembre au profit de l'association Phila's Heaven qui soutient les enfants et jeunes adolescentes mères défavorisés au Congo et aux Philippines.
- Birds of Prey, les 23 24 novembre, au profit de l'association FR-CIDFF (Fédération Régionale des Centres d'Information sur les Droits des Femmes et des Familles) et organisé par le CRIJ du Centre-Val de Loire contre les violences sexistes et sexuelles.
- Pas qu'un Gamer, du 27 novembre au 1er décembre, au profit de l'association Laurette Fugain qui oeuvre contre les cancers du sein et de la moelle osseuse.
- TéléthonGaming, les 29 et 30 novembre, au profit de AFMTéléthon pour défendre les droits des malades, faire progresser la citoyenneté des personnes en situation de handicap et faire reconnaître les maladies rares.
💜LA RECO DE LA SEMAINE
Pour des raisons indépendantes de ma volonté, il n'y a pas de reco cette semaine.
- 4RTOISE -
