Internet en Bref #57 - Violences éducatives, Lobbies & Berdah à l'Assemblée

📃 EN BREF
- TikTok Shop arrive bientôt en France, en Allemagne et en Italie, avec les inscriptions ouvertes aux marques depuis lundi. Déjà disponible aux Etats-Unis, ce service, qui intègre l’achat directement sur la plateforme, s’appuie sur l’influence des créateurs de contenu pour encourager les achats impulsifs, une approche qui a déjà fait ses preuves outre-Atlantique.
- Joyca a sorti "Discobeast" en collaboration avec MrBeast, avec pour objectif d’en faire un single d’or tout en reversant l’intégralité des revenus à l’Unicef. Dès son premier jour sur les plateformes, le morceau a atteint la 28e place de Spotify France.
- L’influenceur algérien Youcef A., alias « Zazou Youssef », a été condamné à dix-huit mois de prison ferme et interdit de territoire français pendant dix ans pour « provocation directe à un acte de terrorisme » après des propos tenus sur TikTok. Il a réfuté les accusations, affirmant que ses paroles visaient l’armée algérienne, tandis que son avocat a dénoncé un montage tronqué des vidéos à charge.
💻 LES SUJETS DE LA SEMAINE
Les stars de téléréalité banalisent les violences éducatives
Dans l’univers de la téléréalité, la banalisation des violences éducatives est assumée sans complexe. Des figures comme Ricardo Pinto, Illan Castronovo ou Simon Castaldi défendent ouvertement la fessée et autres châtiments corporels, revendiquant avoir eux-mêmes été corrigés à coups de "tatane" ou de "tartes". Pour eux, ces pratiques relèvent d’une éducation stricte, nécessaire dans un monde qu’ils jugent dur. Face aux critiques, ils minimisent la violence, estimant qu’une gifle ou une fessée ne font "pas de mal", malgré les mises en garde des institutions internationales sur les effets délétères de ces pratiques.
Cette rhétorique se retrouve aussi chez d’autres influenceurs, comme Jazz Correia ou Hilona Gos, qui assument publiquement avoir frappé leurs enfants. Le discours est toujours le même : justifier la punition par le comportement de l’enfant, minimiser la gravité des actes et convoquer une vision passéiste de l’éducation. Pourtant, cette banalisation pose question, d’autant plus que ces personnalités influencent des millions de jeunes.
Derrière ces déclarations, c’est toute une culture de la violence ordinaire qui se perpétue, au mépris des recommandations éducatives modernes.
Salon de l'agriculture : l'idylle continue entre lobbies et influenceur·reuse·s
Cette année encore, le Salon de l'Agriculture est devenu un terrain privilégié pour les lobbies agro-industriels, qui cherchent à promouvoir une vision productiviste de l’agriculture en s’appuyant sur des influenceurs populaires. Intercéréales, Les Produits Laitiers (CNIEL) et Interbev misent sur des collaborations avec des créateurs de contenu comme Inoxtag, Mariappymeal et même le journaliste Samuel Étienne pour toucher les jeunes adultes. Lors de l’émission « On met les pieds dans le plat », diffusée sur Twitch et organisée par Intercéréales, Mariappymeal s’est retrouvée, sans en être pleinement consciente, à servir de relais à cette communication bien orchestrée. Ce type d’opération, qui vise à rajeunir l’image du secteur, est de plus en plus critiqué, notamment par des observateurs comme Amélie Deloche du collectif Paye ton influence, qui dénoncent un manque de transparence et une absence de contradiction dans les débats.
Ce phénomène n’est pas nouveau : l’an dernier, Inoxtag avait déjà été critiqué pour sa promotion des fromages sous l’impulsion de Webedia, acteur clé du divertissement en ligne et partenaire historique des Produits Laitiers. Cette année, la stratégie se répète, avec en arrière-plan des enjeux politiques et environnementaux majeurs, puisque ces organismes défendent une agriculture intensive et l’usage de pesticides. Greenpeace France a d’ailleurs récemment alerté sur l’influence des lobbies céréaliers sur la gestion de l’eau en France, illustrant comment ces campagnes marketing masquent des intérêts privés qui freinent la transition écologique.
Pourtant, malgré les critiques, ces stratégies semblent porter leurs fruits : les émissions sponsorisées attirent une audience conséquente, et les jeunes spectateurs, séduits par la proximité des influenceurs, repartent parfois avec une vision biaisée du secteur agricole.

Si le sujet vous intéresse j'en ai déjà parlé en live, voici le replay
💎BONUS
24h avec, le nouveau format animé par Magali Berdah interroge sur ses connivences politiques

Magali Berdah a lancé une websérie où elle suit des parlementaires pour "démocratiser" la politique auprès d’un public jeune et peu politisé. Le premier épisode est consacré à Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement, dans un format très bienveillant, voire promotionnel. Loin d’un regard critique, Berdah met surtout en avant le quotidien de la députée, insistant sur son accessibilité et son engagement, sans poser de questions dérangeantes.
Ce choix et ce traitement de faveur interrogent, car Prisca Thevenot est une proche de Gabriel Attal. Pour le média Off-Investigation, cette websérie semble s’inscrire dans une stratégie de communication du gouvernement pour séduire un électorat dépolitisé. D’autant plus que Berdah, malgré son passé judiciaire marqué par des affaires d’abus de faiblesse et de blanchiment, bénéficie ici d’une forme de légitimation politique en obtenant un accès privilégié à certains élus. Cette proximité entre influence et politique soulève des critiques, notamment sur la manière dont les personnalités choisies sont mises en avant et l’absence de contradiction dans les interviews.
🤔 EN MANQUE D'INSPI ?
Si vous ne connaissez pas encore Internet Exploreuses, l’émission hebdomadaire qui explore les cultures web d’Origami, foncez la découvrir ainsi que ses talentueuses chroniqueuses ! Cette semaine, l’émission s’intéresse aux liens entre réseaux sociaux et téléréalité, et plus précisément à la manière dont les réseaux sociaux ont transformé ce format télévisuel. Sous le regard affûté d’Aziliz Kondracki, plongez dans les coulisses de la téléréalité, née au début des années 2000 et sans cesse réinventée.
⭐À NE PAS MANQUER EN LIGNE
En février
- SpeeDons 5, du 27 février au 3 mars, marathon de speedrun caritatif organisé par le streamer MisterMV au profit de Médecin Du Monde.
- Sleepless Night, du 28 février au 2 mars, marathon caritatif au profit de l'association Petit Prince qui réalise les rêve des enfants et adolescents malades.
A venir...
- Adelphe Game Fest, les 1er et 2 mars, événement co-organisé par plusieurs associations pour promouvoir les droits des femmes et la diversité dans le jeu vidéo.
- Le WAT (Week and Art), concours d'art co-organisé par les streameuses UnePetiteMarie et Pawn pour mettre en avant les artistes de Twitch. Intéressé ? Vous avez jusqu'au 6 mars pour vous inscrire !
- Le A-Live, du 2 au 4 mai, marathon caritatif au profit de l'association Analgesia en faveur de la recherche sur les douleurs chronique
- La Voie Pailletetée, du 6 au 8 juin, marathon caritatif organisé par l'association solidarigames au profit de de la cause LGBTQI+
- Streamer4Pride, du 20 au 22 juin, marathon caritatif au profit de SOS Homophobie
- TwitchCon Europe 2025, les 31 mai et 1er juin en live et sur place au Ahoy Rotterdam
💜LA RECO DE LA SEMAINE
Daejee

Illustratrice freelance depuis 2022, c'est après une licence en motion design qu'Astrid, alias Daejee, opte finalement pour une carrière de dessinatrice digitale. Depuis toute petite, ses créations ont toujours été un refuge. Mais, n'ayant jamais travaillé pour quelqu'un d'autre, se lancer dans le métier a été un véritable challenge pour elle.
"Nous avons toujours besoin d'instants de bonheur et de nostalgie, surtout dans le monde actuel." - Daejee
Daejee travaille principalement avec des streameur·reuse·s, mais aussi avec des artisans et des particuliers en tout genre, avec un objectif permanent : sortir de sa zone de confort et apprendre chaque jour à dessiner de nouvelles choses pour continuer à s'épanouir dans ce métier. Ses premières inspirations restent son enfance, ses souvenirs, son chat, mais aussi les tournesols, qu'elle affectionne particulièrement. Dans ses productions, Daejee aime créer une bulle réconfortante et remplie de tendresse, car "nous avons toujours besoin d'instants de bonheur et de nostalgie, surtout dans le monde actuel", écrit-elle.
Daejee possède également une chaîne Twitch où elle aime partager des moments de détente avec sa communauté qui la soutient au quotidien, ainsi que proposer des séances de co-working où elle réalise notamment certaines commandes de ses clients. Elle est aussi active sur d'autres réseaux sociaux, où elle met en avant son travail, ses différents projets et les coulisses de ces derniers.
Comme tout artiste, Daejee a des projets, des rêves et des objectifs qu'elle aimerait atteindre. À l'avenir, elle souhaiterait notamment participer à l'illustration d'un roman ou d'une bande dessinée, à la création d'un jeu ou encore ouvrir une boutique en ligne.
"Pour parler au nom de tous les artistes, si vous aimez un contenu, parlez-en autour de vous. C’est gratuit et ça nous aide à vivre de notre passion." - Daejee

On se retrouve demain à 10 heures sur Twitch pour un react mais il n'y aura pas d'émission faute de temps.
- 4RTOISE -