Internet en Bref #37 : Telegram, réseaux sociaux & ZEN
Hello Internet
On se retrouve pour les actus du la semaine du 21 au 27 septembre dans un nouveau format ! De nouvelles rubriques vous attendent, des sujets plus approfondis avec le Zoom de la Semaine, une rubrique débats et idées avec Ça fait réfléchir... et une sélections des actus Internet de la semaine ! Et pour finir toujours des recommandations lectures, visionnages et événements et la créatrice de la semaine à découvrir !
🔎 LE ZOOM DE LA SEMAINE
Dans la tourmente, le patron de Telegram décide finalement de durcir la modération de son réseau social
Après sa mise en examen par la justice française en août dernier pour « refus de communiquer les informations nécessaires aux interceptions autorisées par la loi » et complicité de délits et de crimes organisés sur la plateforme (trafic de stupéfiants, pédocriminalité, escroquerie et blanchiment en bande organisée), Pavel Durov, le patron de Telegram, a fait volte-face. Le patron de l'application a en effet promis qu'il allait modérer davantage les contenus transitant sur sa plateforme. Celui qui s'était engagé depuis ses débuts à ne jamais dévoiler d'informations concernant ses utilisateur·rice·s a annoncé que Telegram délivrerait désormais les numéros de téléphone et les adresses IP des utilisateur·rice·s aux autorités compétentes en cas de violation des règles d'utilisation. Jusqu'alors, cette mesure n'était applicable que dans le cas où un utilisateur était suspecté d'activité terroriste. Un moyen de dissuader les criminels d'utiliser la plateforme.
À ces nouvelles mesures, le patron de l'application cryptée, fanatique de l'intelligence artificielle à laquelle il avait délégué la majeure partie de la gestion de la modération, a également annoncé un renforcement des équipes de modération humaines. Pavel Durov a également précisé que les signalements par les utilisateur·rice·s seraient mieux pris en charge et que la lutte contre les bots serait elle aussi renforcée. Des annonces qui semblent avoir apaisé les tensions qui régnaient entre la plateforme et la justice depuis sa création.
Pour tout comprendre de l'affaire autour de Telegram et de son Patron
Ces annonces visant à assainir les relations entre les autorités et la plateforme ont pris forme dans un contexte de procès en cours. L'application fait actuellement face au procès de plusieurs utilisateurs jugés pour diffusion et détention en bande organisée d'images pédopornographiques, ainsi que pour l'administration d'un groupe de vente de vidéos pour deux d'entre eux. Le réseau qui sévissait sur un groupe de messagerie Telegram a permis la diffusion de plus de 15 000 images pédopornographiques que les auteurs proposaient à la vente (je ne rentrerai pas dans les détails sur la nature de ces contenus, vous avez compris).
Alors que la justice française a pointé du doigt la potentielle responsabilité de Pavel Durov dans la mise en place de tels réseaux, en tant que patron fervent défenseur de la liberté d'expression, celui-ci n'a eu d'autre choix que de reconnaître que le manque de modération avait contribué au développement d'activités illégales.
Lorraine de Foucher
🤔ÇA FAIT REFLECHIR...
Pourquoi l'interdiction des réseaux sociaux fait débat ?
Ces dernières années, l'impact des réseaux sociaux sur la santé des utilisateur·rice·s a régulièrement été pointé du doigt. Addiction, harcèlement, développement de troubles dépressifs et suicidaires, dysmorphophobie : la liste est longue. Une étude récente a également souligné l'impact des réseaux sociaux sur le développement de troubles du comportement alimentaire (TCA).
Atlantico
En effet, les réseaux sociaux sont devenus des outils essentiels dans notre quotidien, et parfois la principale source d'occupation des plus jeunes. Le principal problème des réseaux sociaux réside dans le fait que ces outils renforcent la relation à l'image corporelle, puisque nous sommes constamment amené·e·s à nous comparer aux autres, à leur physique, à leur vie, etc. Une relation renforcée par les algorithmes, qui nous enferment dans des bulles : plus nous consommons un contenu, plus il nous est proposé.
Si des réseaux sociaux comme YouTube ou Netflix bénéficient d'une image plutôt positive, d'autres comme X (anciennement Twitter) et TikTok renvoient une image beaucoup plus négative. Environ 50 % des sondé·e·s ont indiqué qu'ils auraient préféré que ces deux réseaux n'existent pas, selon une étude du New York Times menée auprès de la génération Z.
Au fil des années, entre enquêtes et parfois même conflits judiciaires, l'existence des réseaux sociaux a été de plus en plus remise en question. Pas seulement à cause de l'effet sur la santé des utilisateur·ice·s, mais aussi en raison des inquiétudes concernant l'utilisation des données personnelles et l'exposition des plus jeunes à des contenus inappropriés. Encore une fois, X et TikTok sont les réseaux sociaux les plus pointés du doigt. Ils sont d'ailleurs particulièrement scrutés par plusieurs États. Depuis plusieurs mois, les États-Unis et la maison mère de TikTok, ByteDance, sont en conflit en raison de soupçons d'ingérence avec la Chine, du manque de protection des enfants et de fuites de données personnelles. En avril dernier, le Congrès américain a même menacé d'interdire la plateforme si la branche américaine de TikTok refusait de couper ses liens avec la maison mère. Depuis, le réseau social est toujours accessible dans le pays et est même au cœur de la campagne de communication menée par les deux candidats à l'élection présidentielle, Kamala Harris et Donald Trump.
En Europe, la France a interdit TikTok pendant plusieurs jours sur le territoire kanak (Nouvelle-Calédonie) après une mobilisation intense dans le cadre de l'opposition à un projet de loi constitutionnelle. Officiellement, la plateforme était critiquée pour être un outil d'ingérence et de désinformation, mais elle était surtout un outil essentiel de communication pour les opposants. Parallèlement, Gabriel Attal continuait de mener sa communication politique sur cette même application. Un double discours qui interroge sur la volonté réelle des gouvernements a interdire l'accès aux réseaux sociaux.
Une question se pose : l'interdiction permanente des réseaux sociaux est-elle souhaitable ou envisageable ?
Le 30 août, le Brésil a annoncé l'interdiction inédite de X (ex-Twitter) sur l'ensemble de son territoire. Cela a déclenché un bras de fer entre le juge Alexandre de Moraes et Elon Musk, le patron de l'application. Depuis plusieurs mois, les relations entre le gouvernement brésilien et le patron du réseau social s'étaient dégradées, notamment en raison de l'absence de représentant légal après la fermeture des bureaux de X dans le pays, ce qui avait permis à la plateforme de se soustraire à ses responsabilités et d'éviter de payer ses amendes. La décision de la Cour suprême d'interdire le réseau social est également le résultat de sa lutte contre la désinformation, après qu'Elon Musk a réactivé les comptes de personnalités d'extrême droite au nom de la liberté d'expression. Cette décision, votée à l'unanimité par les membres de la Cour suprême, a suscité de nombreuses réactions dans le pays. Si beaucoup comprennent la décision, d'autres se sont également sentis pris en otage. Certains ont pris le risque de s'exposer à de lourdes amendes en contournant l'interdiction grâce à un VPN, tandis que beaucoup d'utilisateur·rice·s se sont rapidement tourné·e·s vers d'autres réseaux de microblogging comme Threads ou Bluesky.
L'interdiction des réseaux sociaux dans le monde coïncide généralement avec une gestion peu démocratique dans les territoires concernés. À travers le monde, 80 pays ont restreint l'accès aux réseaux sociaux ou aux messageries en ligne, parmi lesquels on retrouve la Russie, la Chine, l'Iran et l'Inde. Bloquer l'accès aux réseaux sociaux permet aux autorités de contrôler l'information dont la circulation est beaucoup plus libre, d'empêcher toute forme de soulèvement et de rendre plus difficile un éveil politique et social. À de nombreuses reprises, les réseaux sociaux ont prouvé leur importance dans l'organisation de luttes, que ce soit pour les populations concernées ou pour celles qui les observent. Le succès des "Printemps arabes", qui ont puisé leurs racines sur Internet, en est un témoignage éloquent. Interdire l'accès aux réseaux sociaux n'est pas souhaitable car cela semble bien plus répondre a une volonté de contrôle qu'à une véritable volonté de protection des utilisateur·ice·s.
Violaine Morin
Pour aller plus loin
Toutefois, l'interdiction de X au Brésil a montré que la modération des contenus diffusés sur les réseaux sociaux est une véritable problématique. À ce sujet, certains pays semblent désormais vouloir se pencher sérieusement pour limiter l'impact négatif des réseaux sociaux sur les utilisateur·rice·s et ses effets néfastes sur la société. Mettre la pression aux patrons des entreprises mères comme Pavel Durov, Elon Musk ou Mark Zuckerberg pour qu'ils améliorent la gestion de la modération de leurs réseaux sociaux et des contenus qui y transitent par des sanctions administratives et financières semble être une solution bénéfique à l'heure actuelle.
Une première mesure a avoir eu un écho dans différents pays à travers la planète est l'interdiction des réseaux sociaux aux plus jeunes utilisateurs. En Australie, mais aussi en France, les gouvernements ont exprimé leur souhait d'encadrer l'usage des réseaux sociaux pour les mineurs, avec des comptes spécifiques, plus protégés et dont l'accès serait plus restreint, afin de tenter d'endiguer ce phénomène de surexposition.
Par Le HuffPost
Néanmoins, l'interdiction d'accès aux réseaux sociaux dans les États aux politiques non-autoritaires semble bien plus difficile à mettre en place qu'il n'y paraît. Il est possible de contourner l'interdiction de nombreuses manières. Au Brésil, cette interdiction est particulièrement difficile à appliquer. Les États du pays doivent eux-mêmes bannir les noms de domaine et prendre des mesures exceptionnelles pour restreindre la liberté d'expression, tout en respectant les traités internationaux qu'ils ont ratifiés à ce sujet.
Valentin Baudin
📰 EN BREF
Kaizen un succès intergénérationnel
En réunissant plus de 30 millions de spectateurs, le documentaire d'Inoxtag a également captivé de nombreux parents, motivés par leurs enfants. Tout d'abord, le message incitant à la déconnexion des écrans, à l'ouverture sur le monde et au dépassement de soi a résonné auprès de nombreux parents, ravis de voir que les conseils qu'ils ont déjà pu donner à leurs enfants soient relayés par une figure à laquelle ceux-ci s'identifient. Dans une sorte de feel-good movie, le documentaire a également touché les parents par les valeurs familiales qu'il promeut, que ce soit à travers la relation du vidéaste avec son père ou le soutien indéfectible de sa mère tout au long de son aventure.
Le film, par sa narration et les thèmes qu'il aborde, a su toucher différentes générations en mettant en avant des valeurs universelles, tout en étant porté par une figure populaire auprès de la jeunesse.
Guillemette Faure
L'Esport français en impose de plus en plus
Avec l'essor des plateformes vidéoludiques, en particulier Twitch, ces dernières années, l'e-sport a connu une croissance exponentielle. En France, le nombre de joueurs et de consommateurs d'e-sport a augmenté de près de 4 millions entre 2020 et 2023 (passant de 7,8 millions à 11,7 millions). Sur le plan économique, le secteur a enregistré une hausse de 55 % de son chiffre d'affaires entre 2019 et 2022, atteignant 140 millions d'euros, grâce à la multiplication de grands sponsors (Red Bull, Orange, CIC, Alpine...), au merchandising et à l'ouverture de billetteries pour assister aux matchs dans des salles emblématiques comme l'Accor Arena de Bercy ou, plus récemment, dans les nouvelles arènes KCorp situées dans l'Essonne (et dont je vous parlais la semaine dernière).
Nouvelle révélations dans la tentative d'extorsion imputée à l'influenceuse Poupette Kenza
Début juillet, nous apprenions l'incarcération de l'influenceuse Poupette Kenza, alias Kenza Benchrif, dans le cadre d'une affaire de "tentative d'extorsion en bande organisée » et d'« association de malfaiteurs" (que je vous ai déjà détaillé dans la newsletter #27). Elle aurait engagé un homme de main, se présentant comme un membre d'un cartel colombien, pour régler un litige financier avec son ancienne agente et récupérer 350 000 euros. Des messages retrouvés par la justice prouvent que l'influenceuse aurait payé 25 000 euros pour cette intimidation.
Déjà connue pour des faits d'escroquerie envers ses abonnés, et plus récemment pour des propos antisémites, celle qui pouvait poster jusqu'à plusieurs centaines de stories par heure sur son compte Snapchat ne peut plus donner signe de vie. En attente de son procès, elle risque jusqu'à 20 ans de prison.
Nouveau rebondissement dans cette affaire rocambolesque : Allan Liehrmann, le mari de Poupette Kenza, resté à Dubaï et qui avait refusé de se rendre en France pour répondre de son implication, a finalement été placé en garde à vue lundi 23 septembre à son arrivée à Rouen. Avant de revenir en France, il s'était rendu au consulat français de Dubaï pour préparer sa reddition.
Jérémie Pham-Lê
La streameuse Maghla défile une nouvelle fois sur la scène de la Fashion Week
Pour la deuxième année consécutive Barbara aka Maghla a défilé pour L'Oréal Paris à l'occasion de la Fashion Week 2024. Cette année, la marque a souhaité promouvoir "l'émancipation des femmes, l'inclusivité et la sororité" en proposant un défilé sur la place de l'Opéra de Paris.
🖥️ EN MANQUE D'INSPI ?
McFly et Carlito ont calculé leur bilan carbone
Pour aller plus loin : Le compte spécialisé @payetoninfluence a analysé l'impact du marketing d'influence suite à la diffusion de cette vidéo, ainsi que la puissance des influenceurs en tant que leaders d'opinion. Ils incitent ces mêmes influenceurs à prolonger ces mécaniques de sensibilisation tout en s'interrogeant davantage sur leur statut privilégié.
⭐À NE PAS MANQUER
La dernière de ZEN
Ce lundi, Maxime Biaggi et Grimkujow ont annoncé l'ouverture de la billetterie pour la dernière émission de leur talk show Zen, une émission produite par Webedia pendant trois saisons. Après avoir rempli le Zénith l'année dernière, l'émission, inspirée des late-night shows américains, a mis les bouchées doubles pour cette ultime émission qui se tiendra en direct de l'Accor Arena de Bercy, accompagnée du duo Éric et Ramzy.
Contrairement à Popcorn, le talk show animé par le streamer Domingo (lui aussi produit par Webedia), l'émission à l'humour très second degré et aux rebondissements absurdes n'a connu qu'un succès éphémère, et la chute libre de ses audiences a montré un essoufflement assez rapide du format. Toutefois, la vente complète des places pour cette dernière émission en moins de 15 minutes a prouvé que le public est toujours au rendez-vous.
Frustré de n'avoir pu développer l'émission à un public extérieur à Internet, comme l'ont montré les différences d'audience entre les émissions comprenant des invités issus d'Internet et celles ayant des invités d'ailleurs, Maxime Biaggi a exprimé son souhait de ne pas tirer sur la corde. Le duo de présentateurs a également dû essuyer quelques polémiques au fil des saisons, notamment en raison d'un manque cruel de représentantes féminines parmi les invité·e·s. Sur l'ensemble des saisons, seules cinq femmes ont été invitées à l'émission, et seulement quatre en tant qu'invitées principales (Luciole, Maghla, Léna Situations et Natoo).
💜LA RECO DE LA SEMAINE
La créatrice de la semaine est : UnePetiteMarie !
Marie est une créatrice, mais c'est avant tout une artiste de talent. Sur Twitch, elle propose des sessions de dessin sur différents supports et à l'aide de différents médiums. De l'aquarelle au pastel, en passant par la gravure, Marie touche à de nombreux supports et adore particulièrement dessiner des portraits qu'elle réalise souvent en direct avec sa communauté, avec laquelle elle discute pendant des heures.
Très active sur Instagram, Twitch et YouTube, elle mêle conseils et cours de sketch humoristiques autour de sa pratique.
Depuis 2021, UnePetiteMarie est également à l'initiative, avec la streameuse Pawm, du Week And Art, un concours d'art digital/numérique et traditionnel qui a regroupé plus de 2 000 participant·e·s en quatre éditions.
Voici un aperçu des gagnant·e·s de la catégorie art numérique cette année.
Voilà, c'est tout pour cette semaine ! Si vous avez relevé des coquilles ou des erreurs, n'hésitez pas à me les signaler par mail artoisecontact@protonmail.com
Mon mail est également ouvert pour toutes recommandation d'événement ou de créatrice de contenu à mettre en avant.
Pour soutenir mon travail, vous pouvez partager ce contenu, vous abonner à ma chaîne Twitch (actuellement en pause) ou encore me faire un don sur Ko-Fi ❤️
4rtoise
